Rencontre avec Amélie Audebert, finaliste régionale MT180

Amélie Audebert, qui va prochainement soutenir sa thèse effectuée en CIFRE chez ST Micro/GREMAN, a représenté l’INSA CVL lors de la finale régionale de Ma Thèse en 180 secondes (MT180) qui se déroulait le lundi 12 mai 2025.

 

L’occasion de faire connaissance et de recueillir ses impressions à chaud :  


Comment résumeriez-vous votre sujet de thèse en une phrase ? 

Facile après l’expérience MT180 ! « Améliorer l'une des étapes de fabrication d'un composant électronique ».  


Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler sur ce sujet ? 

Ma thèse comporte 2 parties. Une étape de fabrication avec des manips et des expérimentations et une étape consistant à optimiser et intégrer la méthode de thermo-migration* dans la chaine de fabrication existante du composant. C’est donc un travail complet d’ingénieur qui permet de concilier l’amélioration d’une méthode et la réalisation d’un produit finit avec. Ça donne vraiment du sens à son travail d'aller jusqu'au bout d’une démarche avec l’exaltation de savoir si ce qu’on a proposé fonctionne ou pas à la fin 

 

* phénomène observé à l'échelle micrométrique durant lequel des éléments se déplacent lorsqu'ils sont soumis à un gradient de température. 

 

Quelle est, selon vous, l’utilité ou l’impact potentiel de vos recherches ? 

 

Le but de mes travaux était d’obtenir des gains de temps, de consommation énergétique et d'argent en proposant une alternative à une méthode de cuisson à très haute température. J’ai réussi à diviser par 4 le temps initial, donc la mission est plutôt accomplie.  

 

Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans votre travail de recherche ? 

 

Trouver des solutions et surmonter les difficultés. Creuser pour dépasser les limites, ses propres limites, en échangeant avec d’autres chercheurs qui nous donnent souvent des pistes de solution. Et même si on n’y arrive pas, on apprend forcément des choses.  

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à participer à Ma Thèse en 180 secondes ? 

 

Je l’ai pris comme un nouveau défi, une bonne occasion de voir de nouvelles choses qui sortent de mon quotidien. Je suis actuellement en pleine phase d'écriture de ma thèse et j’avais besoin de m'aérer les idées, de prendre du recul, pour pouvoir ensuite m’y replonger avec encore plus d’efficacité.  

 

Comment s’est passée la préparation à la finale et les journées de formation à l'Université de Tours ? 

 

La formation s’est déroulée en 2 temps : d’abord un travail sur le fond pour préparer et présenter ses idées à la dizaine d’autres doctorants avec qui j’étais. Chacun peut ensuite dire ce qu'il a aimé/pas aimé, compris ou non. Cela permet de réajuster le tir même si c'est vraiment frustrant quand on a commencé à avancer sur une idée et qu'il faut tout retravailler pour gagner en clarté et en compréhension.  

 

Il y avait ensuite un travail très enrichissant avec une metteuse en scène de théâtre pour ajuster nos intonations, nos postures, notre ton, ainsi que la gestion des interactions avec le public, sans oublier le rythme de la diction car il faut laisser le temps à l’auditoire de s’imprégner de notre récit !  

 

Qu’avez-vous trouvé le plus difficile dans l’exercice de vulgarisation ? 

 

La microélectronique est un sujet que le grand public connait assez mal en fait, car il y a souvent confusion avec l’électronique. La difficulté pour moi était d’avoir l’impression de devoir vraiment tout expliquer de A à Z, du contexte du sujet à la méthode utilisée, sans y passer trop de temps. 

 

Avez-vous appris quelque chose de surprenant sur vous-même en préparant la présentation ? 

 

Je gère mieux mon stress qu'avant cette expérience. Je me rends déjà compte que je suis plus à l'aise à l'oral. J’ai aussi réalisé à quel point les études scientifiques nous formatent à utiliser des termes précis avec une rigueur qu’il faut être capable de dépasser. Le terme « recuit » par exemple. Pour moi c’est naturel et logique de l’utiliser et de l’associer à une seule cuisson. Mais comme il y a le préfixe « re », j’ai réalisé que tout le monde pensait qu’il y avait plusieurs phases de chauffe et ai dû l’abandonner. De manière plus générale, la vulgarisation scientifique nous force à être moins précis et « exact » pour améliorer la transmission d’un message. C’est un compromis à questionner en permanence pour fixer les limites et c’est un peu déroutant au départ pour un scientifique.  

 

 

Comment le public ou le jury a-t-il réagi à votre présentation en finale ? 

 

Pour la finale régionale, on n’a pas eu vraiment de retour et c’était un peu frustrant. Le public applaudi et on sait juste qu'on n’a pas gagné et qu'on n’est pas sur le podium. 

Lors de la répétition générale quelques jours avant, devant des lycéens et un jury composé de personnels administratifs, d’enseignants en sciences de l’ingénieur et en sciences humaines, on a eu un vrai retour individualisé. Ça m’a permis de faire quelques ajustements sur la gestion du stress et le choix de certains mots/idées.   

 

Que retenez-vous de cette expérience, humainement et professionnellement ? 

 

Humainement, c’était vraiment super de rencontrer d'autres doctorants dans des secteurs variés et d’échanger avec eux.  

Professionnellement, ça a clairement amélioré mes qualités d'expression orale et ma capacité de remise en question. Le type de stress généré par ce type de présentation au format millimétré et chronométré est vraiment très formateur. 

 

Quels conseils donneriez-vous à un futur candidat à MT180 ? 

 

Etre ouvert aux critiques constructives ! Ne pas avoir une idée trop précise de ce qu'on veut faire au départ pour rester à l’écoute des conseils et des améliorations proposées. J’étais persuadée que la métaphore la plus adaptée à mes travaux de recherche était l’amélioration de la recette des crêpes. J’ai mis un peu de temps avant d’accepter que la désalinisation de la banquise en été (à cause de la migration des grains de sel vers la surface) racontait mieux le phénomène de thermo-migration pour des non-initiés.  

 

Souhaitez-vous continuer à faire de la vulgarisation scientifique ? 

 

J'ai appris à aimer l'exercice consistant à rendre la science accessible à tous. J’avais déjà participé à la Fête de la science et à des actions de sensibilisation par le jeu auprès de primaires avec le Greman ou à l’accueil de scolaires dans les locaux de ST Micro. Mais avec MT180, j’ai encore franchi un cap et je suis prête à saisir de nouvelles occasions si elles se présentent. 

 

Si vous deviez comparer votre thèse à un film ou une série, ce serait quoi ?  

 

Indiana Jones : une véritable aventure semée d'embuches, dans laquelle on peut sembler coincé parfois mais dans laquelle le dénouement est toujours heureux.  

 

Rien à voir avec votre amour du fouet alors ?  

 

(rire) Non, même si cela aurait pu soulager mes nerfs et me défouler quand certaines machines tombaient en panne !